Mise au point ( presse)

Admin Who Messages : 34 Date d'inscription : 19/01/2014

Bureau du procureur général
mercredi 3 Septembre
9h59

Sophia Blumberg se rua dans les escaliers en fixant sa montre d'un air inquiet. On lui avait donné rendez-vous à dix heures tapantes pour une interview des plus importantes. Et bien sûr le hasard s'acharnait sur elle ...

Lena Reider n'était pas une femme à faire des médias des outils à la botte du Bureau du Procureur. Au contraire , depuis son accession au poste de procureur général , elle s'était montrée des plus discrètes, au point qu'il émanait de sa personne un certain aura de mystère. Ce qui était certain , c'est qu'elle avait su obtenir des résultats des plus positifs de par ses actions. Elle avait ainsi contribué à redorer le blason de son institution. Et cela avait déteint sur elle , faisant de Lena Reider une femme à le renommée qui ne cessait de croitre.

Aussi quelle ne fut pas la surprise de la journaliste lorsque son patron lui annonça la bonne nouvelle. Il avait enfin décroché , après avoir essuyé de nombreux refus qui n'avaient pas réussis à le décourager , une interview de la procureur général. Selon lui , cette opportunité qu'aucun autre journal n'avait pu décrocher allait permettre d'atteindre un taux de ventes record.Et , pour le plus grand bonheur de la jeune femme , il ne voyait personne d'autre qu'elle pour mener l'interview. C'était donc aux anges que Sophia avait accepté la proposition de son patron.

Elle s'était donc levée de bonne heure , pleine d'entrain à l'idée de mener sa tâche à bien. Elle regrettait toutefois de laisser Nimy sur la touche pour son premier jour de stage avec elle , mais elle espérait qu'elle comprendrait. Et si jamais ce n'était pas le cas , elle s’excuserait platement et les cookies faites par Raphaël à son égard qui siégeaient sur le plan de travail devraient l'aider à se faire pardonner.

Mais arrivée au bureau , le rêve se transforma en cauchemar. Le destin semblait voir s'acharner sur elle. En premier lieu , elle se redit compte que son dictaphone préféré était tombé en panne. Intérieurement elle se mit à maudire violemment Marc , son collègue à qui elle avait prêté l'appareil. Mais il était trop tard pour chercher un dictaphone de substitut , aussi allait elle devoir se débrouiller avec ... un bloc notes puisqu'elle se rendit aussi compte qu'elle avait oublié son ordinateur de poche sur son bureau.

Et la galère avait continué par la suite. Retards des transports en commun , circulation pas des plus fluides ( ce qui était un doux euphémisme ) , tout cela empiéta sur l'heure d'avance qu'elle avait prévu . Au point qu'il ne restait plus que 5 petites minutes après qu'elle ait subie les contrôles d'usage à l'entrée du Bureau du procureur ( heureusement pour elle , elle n'avait pas oublié sa carte de presse. Un soupçon de chance dans la guigne qui l'avait engloutie). Le temps de se renseigner sur l'emplacement du bureau où elle était attendue , et il ne lui restait déjà plus qu’une petite , toute petite minute.

Courir dans les escaliers n'était pas recommandé d'un point de vue sécurité , mais Sophia avait surtout en tête la règle de fer qu'elle s'était imposée. Ne jamais arriver en retard à un rendez-vous , ne serait-ce que d'une minute. Elle passa en trombe dans le couloir , et frappa à la porte qu'on lui avait indiquée à l’accueil. Elle entendit en même temps un petit bip sonore émanant de sa montre. 10h. Elle était arrivé juste à l'heure , ce qui n'était pas gagné ...

Cela faisait presque trois ans que Lena Reider occupait le poste de Procureur Général à Paris, et le moins qu'on puisse dire, c'est que le bilan était positif. Tous louaient ses compétences et les excellents résultats qu'elles avaient engendrés, plus que bienvenus après les tumultes qui avaient secoués le Bureau du Procureur les années précédentes. Les soupçons qui pesaient sur Hunter, l'arrestation de Manfred Von Karma, sans parler du procès de son prédécesseur, Lana Skye … Tout ces évènements fâcheux avaient jetés l'opprobre sur la vénérable institution pour laquelle elle œuvrait à présent. Elle avait pourtant accepté le poste en toute quiétude, malgré le challenge que cela pouvait représenter. Et en dépit des fortes personnalités qui peuplaient le Bureau du Procureur, elle avait réussi à se faire respecter des plus opiniâtres d'entre eux. Un parcours idéal en somme.

Seule ombre au tableau, si toutefois c'en était une, Miss Reider n'était pas ce qu'on pouvait appeler un animal médiatique. Le peu de déclarations qu'elle avait pu faire à la presse étaient toutes brèves et concises. Elle faisait partie de ces personnes qui préféraient faire leur boulot plutôt que d'en parler, et était farouchement opposée à la surexposition de certains de ses confrères, transformant leur métier en un spectacle, là où elle considérait la Justice comme un devoir des plus sacrés.

C'était le Maire qui, suite à un coup de filet majeur qui eût pour conséquence le démantèlement d'un trafic de drogues à l'échelle Européenne, avait promis (sans lui demander avant) une "interview vérité" de la Procureur Général à l'Enquêteur Moderne, un journal spécialisé dans les affaires juridiques. Elle avait finit par se résigner, se disant que donner une grosse interview apaiserait peut être les demandes pendant un temps.

Il était 10h précises lorsqu'on frappa à sa porte. Rajustant le col de sa chemise pourpre et chassant une mèche de son front, elle répondit un "Entrez !" de sa voix naturellement suave.

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Tentant tant bien que mal de reprendre son souffle , Sophia ouvrit la porte et pénétra dans la pièce. Elle stoppa net en apercevant la Procureur Général. Elle avait beau avoir assisté à certaines de ses déclarations de presse , la voir sur son lieu de travail lui donnait une toute impression. Lena Reider dégageait une impression de sérénité , un aura mélange de contrôle absolu des contraintes induites par sa fonction et de totale quiétude.

Avec un petit sourire en coin entrecoupé par des respirations sifflantes , Sophia referma la porte. Finalement , tous les tracas qu'elle avait subi depuis le matin semblaient comme évaporés devant la perspective de pouvoir obtenir des propos très intéressants de la part de celle qui était un rouage essentiel du système judiciaire. Elle s'approcha donc de son interlocutrice un grand sourire aux lèvres , non sans auparavant avoir pris une grande respiration ; et lui tendit la main :

Sophia Blumberg , journaliste à l'Enquêteur Moderne. C'est ... c'est un honneur de pouvoir vous interviewer.

Sereine, Lena l'était définitivement. L'exercice de l'interview en lui-même ne la stressait pas le moins du monde. Vêtue d'un ensemble (qu'on devinait onéreux) constitué d'un chemisier rouge et d'une jupe noire façon tailleur, et arborant un brushing harmonieux, elle était l'image même du professionnalisme qu'on attendait de quelqu'un occupant son poste. Jaugeant un bref instant la journaliste du regard, elle sembla satisfaite de ce qu'elle voyait, et se leva de son fauteuil pour l'accueillir dignement, serrant la main qu'elle lui tendait.

- Tout le plaisir est pour moi, Miss Blumberg, lui répondit-elle avec un sourire discret, mais tout ce qu'il y avait de plus sincère. J'espère être à même de vous fournir de quoi rédiger un article qui valorisera le travail du Bureau du Procureur.

Elle l'invita à s'asseoir d'un geste de la main avant de l'imiter, passant furtivement la main dans ses longs cheveux d'ébène.

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Alors que Lena l'invitait à s’asseoir , Sophia se mit à farfouiller dans son sac tout en s'installant. Elle qui appréciait par dessus tout la technologie , au point d'avoir développé elle-même quelques instruments utiles à sa profession , en était réduite à un pauvre bloc-notes et un crayon , autrement dit la préhistoire de l'équipement journalistique à ses yeux. Mais même la prise de notes manuscrite qu'elle abhorrait en temps normal n'était pas de taille à entamer l'enthousiasme dont elle faisait preuve à l'idée de mener cet entretien. Enthousiasme qui bizarrement commençait à se teinter d'une pointe de stress , sentiment qu'elle n'avait pas ressenti depuis ses débuts dans la profession.

( Allons ma grande , c'est pas le moment de stresser pour rien , tu as déjà fait bien plus stressant que d'interviewer le Procureur Général ... )

Sophia prit une grande respiration avant de lancer sa première question sur un ton qu'elle voulait le plus serein possible afin que son interlocutrice ne se rende pas compte de l'état dans lequel elle était. Après tout , ce n'était vraiment pas le moment de faire mauvaise impression ...

Contrairement à bon nombre de vos prédécesseurs , vous êtes des plus discrètes sur le plan médiatique. Je vous remercie donc d'avoir bien voulu accorder de votre temps à notre journal. Pour nos lecteurs les moins informés , pouvez-vous nous résumer votre carrière ?

Pour quiconque ne s'intéressant pas de près aux grandes figures du Bureau du Procureur , la carrière de Lena Reider avait en effet tout d'un mystère. Et pour ceux qui accordaient toute leur attention , les informations n'étaient guère plus nombreuses. Aussi cette question introductive n'était pas si anodine que cela.