Le ronchon et la novice

Quelque seconde après qu’il lui ait donnée la permission d’entrer, une femme ouvrit la porte et pénétra dans le bureau du vieux procureur. Elle était très jeune et plutôt séduisante. Elle portait des vêtements de style classique (chemisier et jupe longue), ses longs cheveux châtains étaient attachés en queue de cheval et elle était légèrement maquillée. Mais la chose la plus frappante pour Chester c’est quelle souriait, mais plus encore, elle semblait même heureuse de se trouvée la. Il était clair qu’elle n’était pas au courant de la réputation du terrible procureur Eccleston pour entrer dans son bureau avec une telle attitude.

Une nouvelle…

La jeune femme s’avança vers le bureau de Chester d’un pas assuré.
- Bonjour Monsieur Eccleston! Je suis Alexandra Lawford… j’espère que je ne suis pas arrivée trop tôt…

La jeune femme ne fut pas étonnée par l’accueil peu chaleureux du procureur buté. Je suis très enchantée moi aussi! Quelqu’un d’autre qu’elle aurait sûrement mis les voiles a cet instant, mais pas Alexandra. Des gens dans son genre, elle en avait déjà côtoyé a maintes reprises. C’est pourquoi elle ne fit aucun cas de la froide attitude de Chester et conserva un sourire sympathique.
- C’est effectivement le cas… on m’a dit que vous seriez le procureur qui allait s’occuper de mon stage…

Elle lui tendit ce qui semblait être une lettre.
- La secrétaire m’a demandée de vous remettre ca…
Elle ne voulait pas y aller elle même la pauvre...

Alexandra se sentie un peu soulagée. Il lui laissait une chance de s’expliquer, ce qui était une mini victoire en soit.
- Hé bien… Je ne crois pas que vous avez « besoin » de prendre une stagiaire… au contraire c’est plutôt moi qui ait besoin de vous. Si je suis ici aujourd’hui, c’est parce que j’ai besoin de mettre en pratique ce que j’ai appris dans mes cours… et aussi d’apprendre ce que ne peut nous enseigner dans le cadre d’une formation a l’école… ce que seul une longue expérience peut vous apprendre…

Se vendre n’était pas son truc. Et la jeune femme n’aimait pas se cacher derrière une fausse image, même pour se mettre en valeur. Elle fit un pas vers lui tout en s’éclaircissant la gorge avant de reprendre la parole. Elle ne souriait plus, mais elle avait un air serein.
- En toute franchise… Je n’ai aucune idée si je suis qualifiée pour vous avoir comme tuteur, j’ai fait ma demande pour un stage au barreau… et c’est vous qu’on m’a attitrée... Je ne peux absolument rien prouver a ce moment présent, puisque je suis fraichement sortie de l’école et que je n’ai aucune expérience « sur le terrain »… c’est bien sur a vous de voir si oui ou non vous me prenez sous votre aile…

Elle ne disait pas cela pour l’influencer ou quoi que ce soit, ce n’était pas le genre d’Alexandra, elle voulait tout simplement mettre cartes sur table et qu'ainsi tout soit clair.

Alexandra haussa un sourcil. On lui avait dit que le procureur avait un sale caractère et qu’il pouvait se montrer odieux. Malgré les mises en garde qu’elle avait eues à ce propos, Alex trouvait vraiment déplacé le fait que le vieux procureur se moque ainsi d’elle, quand elle avait joué de franchise avec lui. La jeune femme réalisa qu’il avait déjà conçu son idée à son propos et qu’essayer de le convaincre serait une perte de temps. Donc c’est comme ça alors ? Très bien... je vais jouer à ton jeu !

- Vous este incroyable...

Elle laissa que quelques secondes a Chester pour qu’il réalise ce qu’elle venait de dire n’avait aucun sens après ce qu’il lui avait balancé un peu plus tôt.

- oui vraiment incroyable ! fit la jeune femme cyniquement. Mais comment faites-vous pour pouvoir rendre un jugement aussi objectif sur une personne que vous avez devant vous depuis deux minutes ?

Sans lui laisser le temps de répliquer, la jeune femme continua sur sa lancée.

- Il est aberrant de constater que vous ayez déjà comme opinion, quoi que légèrement hâtive, que je n’étais qu’une bonne a rien... et si vous vous attendiez a une crise de larmes, je vais vous décevoir, car je n’ai l’intention ni de pleurer, ni de vous supplier pour ce tutorat... Mais je dois avouer que vous avez parfaitement raison... il y a effectivement ici, bon nombre de procureurs qui pourrais me servir de tuteur, mais avant que je quitte la pièce, par simple curiosité, dite moi combien de procureurs avec vous déjà réussis à formé ?

Le non-dit était clair. Chester, qui se croyait entourer d’incapables venait de se faire mettre dans le même panier qu’eux.

- Ne gaspillez pas votre salive pour rien je sais très bien ce qui en est ! Personne n’a réussi à supporter votre méthode plus de deux semaines ! Vous avez une réputation de croque-mitaine assez peu flatteuse vous savez? Mais il se trouve que j’adore les défis et je peux parier, que si je me retrouve sous votre tutelle, rien de ce que vous pourrez dire ou faire, me fera prendre les jambes a mon cou ! Je ne suis pas du genre à abandonner aussi facilement... Cela aurait été intéressant de voir si j’aurai été la première à vous survivre !

Pendant ce monologue, la jeune femme s’était prudemment dirigée vers la porte juste au cas. Au moins, elle aura mis les choses au clair. Il est hors de question qu’elle se laisse se faire ainsi.

Sur le coup, quand Alexandra entendit le rire de Chester, elle pensa que tout était foutu. Avec ce que je viens de dire... c’est certain qu’il me met à la porte...

Je veux vous voir demain matin, 8 heures tapantes. Bonne journée à vous...

Malgré le fait qu’elle s’était finalement retrouvée à la porte, la jeune femme esquissa un sourire. Elle avait remporté la bataille, mais la guerre elle était loin d’être fini, et l’adversaire allait se montrer coriace. Au son du cliquetis de la serrure, elle manqua de s’étrangler de rire. Comme si elle était assez timbrée pour retourner dans le bureau du procureur après cet épouvantable entretien. C’est avec un air satisfait qu’elle retournât au bureau de l’administration pour remplis les dit papiers.


à suivre...