Good Cop / Bad Cop

Commissariat central
Salle d'interrogatoire numéro 3
Jeudi 28 Août 2019
8h54

- Mec ... Je vais pas te mentir, je passe une matinée vraiment merdique ...

Le ton était las, presque dépité. Assis sur une chaise en plastique pliante, ses longues jambes étendues se reposant sans une once de gêne sur la table en métal qui la séparait de son interlocuteur, l'inspecteur Sydney Brooks feuilletait un dossier, le regard vide.

- Je me suis retrouvée coincée dans les embouteillages, un connard qui avait le feu au cul a embouti l'arrière de ma caisse, il a essayé de se tirer quand je suis sorti pour faire le constat, du coup je l'ai plaqué sur le bithume, il porte plainte pour violence policière sous prétexte que je lui aurais un petit peu pété le nez, mon chef est furax, j'ai une tonne de paperasse qui m'attend et avec toutes ces conneries, j'ai pas encore eu le temps de boire ma putain de tasse de café ...

Elle reposa le dossier sur la table, et se rassit correctement, posant ses mains à plat sur la table, sans pour autant lever les yeux vers l'homme à qui elle s'adressait.

- Bref, je dirais que je suis un peu à cran, là. Alors tu imagines bien que vu le contexte, quand on me met en face d'un p'tit merdeux dans ton genre qui se prend pour Scarface à jouer les caïds au lieu de nous aider à coincer son pote qui est suspecté de meurtre ...

C'est à cet instant que son regard se braqua sur le prévenu, un regard aussi acéré et menaçant que le canon d'un Desert Eagle prêt à tirer.

- J'ai pas tellement envie de perdre mon temps à discuter. Et puis en plus, j'ai terriblement besoin de me défouler, là tout de suite …

Elle fit craquer une à une ses phalanges, comme pour appuyer ses propos. Syd avait beau être une femme au physique élancé, elle n'en demeurait pas moins menaçante : non seulement on devinait assez aisément qu'elle s'entraînait physiquement, mais surtout, son tempérament impulsif laissait imaginer le pire quand à son potentiel destructeur lorsqu'elle passait en mode "Furie". Face à elle, le petit truand, malgré un sourire de façade perdant un peu de sa superbe, sentait une sueur froide lui parcourir l'échine. Il allait déguster. A moins que l'autre flic tout calme planté dans le coin de la salle d'interrogatoire ne se décide à intervenir, chose qu'il attendait à présent comme le Messie.

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Une mécanique bien huilée. Voilà ce qui était en train d'être mis en place dans la salle d'interrogatoire numéro 3 en cette matinée des plus agitées pour le commissariat central. La tentative d'arrestation d'un des trafiquants de drogue les plus recherchés de la ville , que l'on soupçonnait d'avoir tué un de ses concurrents , avait lamentablement échoué , au point de se transformer en fusillade en pleine rue entre l'équipe chargée de l'intervention et les gorilles qui servait de bouclier au criminel , lui donnant ainsi l'opportunité de s'enfuir. Toutefois tout n'était pas si noir : d'une part aucune victime n'était à déplorer ( seulement quelques blessures légères , ce qui était un miracle) , et d'autre part on avait réussi à arrêter le second du trafiquant ...

Et pendant que certains étaient en train de courir après le fuyard ou de coordonner les recherches , Sydney et Raphaël s'étaient retrouvés préposés à l'interrogatoire , le commissaire espérant obtenir des informations sur la planque du trafiquant de la part de son second. Et s'il avait choisi le duo , ça n'était pas par hasard . Car les deux inspecteurs avaient su développer une technique d'interrogatoire très efficace, mettant à profit leurs tempéraments opposés.

La première étape était des plus simples pour Sydney. Elle n'avait pas à se forcer pour pouvoir se montrer menaçante. Surtout lorsque la journée s'annonçait pénible. Raphaël regarda la scène depuis un coin de la pièce avec un sourire intérieur qui ne cessait de croitre. Un coup d’œil à leur caïd suffisait pour voir que celui-ci n'était pas à son aise malgré son sourire apparent. Mais Raphaël avait appris très tôt au fil des qu'un regain de confiance n'était pas dans un tel cas à exclure. Aussi fallait-il le pousser à bout ...et c'était là où il intervenait. Avec un petit sourire rassurant sur le visage , il fit face au truand , accoudé sur la la table puis le fixa quelques secondes avant de prendre la parole.

Sincèrement j'aimerais vous aider , mais devant votre manque de coopération il n'y a pas grand chose que je puisse faire pour vous. Si ce n'est empêcher ma collègue de vous amocher. Mais hélas si vous ne nous donner pas l'adresse de la planque de votre patron , je ne pourrais pas tenter d'arranger les choses pour vous. Votre situation est déjà bien assez précaire comme ça pour ne pas avoir à vous soucier de quelqu'un qui s'est servi de vous comme un pion afin d'assurer son salut ...

Raphaël pouvait voir les rouages fonctionner dans la tête de son interlocuteur. Il était sans aucun doute en train de peser le pour et le contre de son éventuelle trahison quant à son patron , ce qui risquait de pencher en leur défaveur. L’inspecteur vit un début de sourire narquois naitre sur le visage de celui qui lui faisait face. Il reprenait doucement confiance en lui , le temps était venu de passer à l'étape trois pour enfin lui extorquer l'information voulue. Raphaël regarda sa montre . 3 secondes avant 8h 57 ...

Son portable se mit à sonner. Cela faisait partie de leur technique d'interrogatoire. Une autre personne appelait de l'extérieur de la pièce pour donner un prétexte à l'inspecteur pour quitter la pièce et laisser le truand seul face à Sydney. Généralement cela suffisait à briser les quelques défenses mentales qui leur restaient ... Raphaël décrocha son appareil , un faux air soucieux sur le visage. Puis après quelque temps il lança :

Bien monsieur , je vous rejoins tout de suite ...

Raphael tourna le dos à son interlocuteur , direction la sortie de la pièce. Sydney connaissait le signal. Elle avait deux minutes pour se montrer la plus menaçante possible avant le retour de son partenaire. L’ascenseur émotionnel qui visait de passer de la peur au soulagement suffisait habituellement à délier les langues , et Raphaël savait que le truand qu'il avait en fasse de lui cèderait facilement ... Avec un petit sourire il ferma la porte derrière lui et regarda sa montre ...

Si pour Raphael, leur technique d'interrogatoire n'était rien d'autre qu'un petit numéro qu'ils avaient eu le loisir de rôder au fil de leur collaboration, pour Sydney, il y avait toujours une petite part de sincérité dans son rôle du méchant flic. Non pas qu'elle avait coutume de réellement tabasser les suspects de ses affaires (même si ca ne s'est pas joué à grand-chose une fois ou deux), mais elle nourissait sa "performance" d'émotions assez réelles. La méthode Actor's Studio, quoi.

Après la sortie savamment minutée de Raphaël, Sydney fixa quelques instants la porte de la salle d'interrogatoire, comme si elle cherchait à s'assurer qu'il était bien parti, puis elle se leva, avant de se diriger d'un pas nonchalant vers le coin de la pièce, où, fixée au plafond, se trouvait une caméra de surveillance. Sans plus d'ambages, elle débrancha un câble qui en dépassait, et le petit voyant rouge s'éteignit. Elle retourna ensuite à sa place, et s'assit, avant de déboutonner sa veste pour faire apparaître ostensiblement son holster contenant son arme de service. Elle posa celle-ci sur la table dans un "clang" métallique menaçant. Elle se privait rarement de ce petit effet dramatique, rendu possible par le fait que leurs suspects étaient systématiquement menottés. Son regard se fit alors vide, sans expressions, et d'une voix froide et monocorde, elle s'adressa au suspect.

- Bon, j'ai pas tellement envie de tergiverser, alors je vais aller droit au but. La vraie raison pour laquelle j'étais en retard ce matin, c'est que j'ai appris que j'avais un cancer. Du genre bien méchant. Il me reste grosso modo 4 mois à vivre. Du coup, je t'avouerai que je me fous pas mal de mon avenir dans la police, ou de l'état dans lequel tu sortiras de cette pièce. En clair, tu as une minute pour me balancer le nom de ton fumier de patron, ou je t'explose la tête avec mon automatique.

Au fur et à mesure du speech de Sydney, le visage du suspect laissa paraître subrepticement de plus en plus de signes d'une inquiétude légitime. Mais il n'était pas encore prêt à rendre les armes.

- Vous … vous bluffez. Jamais vous pourriez me buter. J'sais trop de trucs sur le réseau.

Sydney haussa les épaules et arma son pistolet avant de le reposer sur la table.

- Honnêtement, j'en ai ma claque des petites merdes comme toi qui se servent du peu qu'ils savent pour assurer leur survie. Si tu veux pas cracher le morceau maintenant, tu ne nous servira pas à grand-chose. Et si une des dernières choses que je peux faire est de débarasser la Terre d'une saloperie dans ton genre, au final, je crois que tout le monde y gagne. Et il te reste 30 secondes.

Ses yeux fixaient à présent sa montre, tandis qu'à nouveau, sa main droite s'empara de son arme. C'était maintenant un homme fébrile, tremblant, et laissant même apparaître quelques gouttes de sueur sur son front qu'elle avait en face de lui. En dernier recours, il choisit d'abandonner définitivement toute forme de virilité, et hurla en direction de la porte tout en s'agitant.

- HEY ! AU SECOURS !!!! ELLE EST DINGUE !! QUELQU'UN !! ELLE A UNE ARME, ELLE VA ME FLINGUER !!!!

Devant l'absence de réponse, et la résolution apparente de Sydney, il prit une juste mesure de ce qu'était le désespoir. C'est lorsqu'elle arma le chien en commençant à compter à rebours de 10, qu'il lâcha, d'une voix paniquée :

- OK ! ATTENDEZ ! STOP ! STOP ! Il loue un entrepôt sur les quais. Le lot 47. C'est au nom d'une entreprise d'import export, mais c'est là qu'il stocke une partie de la marchandise. Si il sait qu'il est traqué, c'est là qu'il ira.

C'est à cet instant précis que la porte de la salle d'interrogatoire s'ouvrit à nouveau, Raphaël y rentrant à nouveau en faisant mine de raccrocher son téléphone. Lui lançant un regard assez similaire à celui qu'il aurait eu face à une apparition Christique, le truand s'écria à son attention :

- PITIE, ELLE EST DINGUE ! EMPECHEZ LA DE ME TUER, JE VAIS TOUT VOUS DIRE, JE SAIS OU IL EST ! PITIE, MONSIEUR, CETTE FILLE EST COMPLETEMENT SYPHONÉE !

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Deux minutes pile. Le délai habituel. Raphaël entra de nouveau dans la salle d'interrogatoire , faisant semblant de raccrocher son téléphone qu'il glissa furtivement dans sa veste. Et vu le volume sonore que le criminel venait d'atteindre et qui avait tendance à virer dans les aigus , il ne faisait aucun doute que Sydney avait réussi à délier sa langue . Encore une fois la manœuvre avait porté ses fruits .

Avec un petit sourire rassurant , Raphaël se rapprocha du suspect . D'une voix douce il répondit à ses supplications :

Ne vous inquiétez pas , je vais vous remettre en d'autres mains , vous n'aurez plus à vous préoccuper d'avoir à faire à ma collègue ...

Avec un sourire encore plus grand , l'inspecteur fit le tour de la table pour aller chuchoter quelques mots à l'oreille du truand sur un ton des plus sereins.

... Du moins si vous vous montrez coopératif , sans quoi j'ai bien peur que vous ne vous retrouviez à nouveau seul avec elle. Et je crains hélas que je serais trop occupé pour ne pas la laisser gérer l'interrogatoire seule .

Dernière étape de la manœuvre visant à ce que le suspect ne se sente pas trop en confiance suite au changement d'interrogateurs. Puisque le commissaire avait décidé de prendre en charge l'affaire jusqu'à sa résolution , il allait sans doute vouloir écouter les confessions du truand au plus vite. Et ce dernier allait lui donner les informations voulues sans se faire prier. Leur rôle dans cette affaire était donc pour le moment terminée. Raphaël quitta donc la pièce non sans avoir adressé un dernier sourire à leur suspect qui transpirait à grosses gouttes , suivi de près par Sydney. Il fit signe au commissaire qui attendait derrière la porte qu'il pouvait prendre le relais.

Vous pouvez y aller monsieur , il devrait vous donner toutes les informations dont vous avez besoin sans rechigner ....

D'un geste de la tête le commissaire le remercia avant de pénétrer dans la salle d'interrogatoire. Raphaêl poussa un petit soupir. Maintenant que son rôle dans l'affaire était fini , il sentait la pression retomber d'un coup . Il avait beau avoir mené un grand nombre d'interrogatoires aux côtés de Sydney , le stress restait toujours présent. Avec un petit sourire il se retourna vers sa partenaire :

Et bien encore une fois vous vous êtes montrée d'une efficacité redoutable. Pour un peu je croirais que vous avez pris un certain plaisir à l'effrayer .

En voyant Raphaël entrer, respectant ainsi le timing implicite qu'ils avaient mis en place lors de leur première utilisation de leur méthode, Sydney rangea son arme, avec une moue assez similaire à celle qu'aurait eut une enfant en se faisant surprendre en pleine bêtise, après avoir remis le cran de sureté. Bon, bien sur, le pistolet n'était pas chargé. Ca, le suspect n'était pas censé le savoir. Tout comme il n'était pas censé savoir que le câble de la caméra qu'elle avait débranché était factice, et qu'il avait pour seul effet de déconnecter la petite LED indiquant le fonctionnement de l'appareil. Bref, une belle mise en scène à grand renfort d'accessoires qui faisaient toujours leur petit effet, jouant sur l'inconscient collectif de n'importe qui ayant déjà vu un polar.

Comme à son habitude, Raphaël vint planter les derniers clous du cercueil métaphorique en passant sa pommade habituelle, et ils confièrent le suspect et l'affaire entre les mains du Commissaire.

Syndey et son partenaire se retrouvaient à nouveau seuls, lorsque l'inspecteur Danton s'adressa à elle, ostensiblement soulagé. Elle chassa sa remarque d'une moue légèrement blasée.

- Du plaisir, j'en sais rien … Mais j'avoue que j'en ai ma claque de voir ces trous du cul se pointer le sourire aux lèvres en croyant qu'ils sont les Rois du Monde. Et puis le truc du cancer, je l'avais lu dans un bouquin, ça faisait un moment que ça me trottait dans la tête, et je me suis dit que vu la tronche que j'avais ce matin, ça pourrait passer … Enfin ! Si ça permet d'enrayer un peu la propagation de cette merde dans la ville, c'est toujours ça de pris … Il reste du café ?

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Il me semble qu'à mon arrivée la cafetière était remplie , donc je suppose que oui. Du moins si l'inspecteur Tektiv n'est pas passé par là ...

S'il y avait bien une chose nécessaire à la profession d'inspecteur , c'était le café. Fidèle compagnon des horaires matinaux et des heures supplémentaires , le breuvage était de plus un élément de réconfort contre le stress engendré par la profession . Courses après des suspects , fusillades , interrogatoires musclés , tous ces désagréments s'effaçaient bien vite devant une tasse de café bien noir.

Tout en marchant en direction de leur bureau , Raphaël se mit à réfléchir aux propos que venait de tenir sa collègue . Il avait parfois l'impression que leur métier revenait à couper la tête de l'hydre qu'était la criminalité qui gangrénait Paris. Pour un criminel qu'ils mettaient derrière les barreaux , deux échappaient aux mailles du filet . Parfois il avait l'impression que leur métier ne servait qu'à retarder l'inévitable , qu'ils n'étaient qu'un dernier rempart voué à s'effondrer... puis il repensait à toutes les personnes qu'ils avaient pu aider. A l'épicier local qui ne vivait plus dans la peur perpétuelle de se faire agresser depuis que son quartier avait retrouver une certaine tranquillité. Aux familles de victimes de kidnapping , soulagées qu'on ait pu retrouver leurs être chers . Et tant d'autre ... Et c'était là qu'il se disait que leur métier avait encore du sens ....

Avec un petit sourire , Raphaël arriva devant la cafetière qui était encore remplie. et vu l'odeur , il s'agissait sans aucun doute de café frais . Il s'empara d'un geste rapide de deux mugs propres et lança :

Et bien , je crois qu'on va pouvoir prendre une pause café bien méritée ...

A peine ces mots prononcées , le téléphone situé sur le bureau de Sydney se mit à retentir comme pour le contredire . L'inspecteur fit signe à sa collègue de décrocher l'appareil , les mains encombrées avec les tasses . Le téléphone qui sonnait à cette heure de la journée était rarement porteur de bonnes nouvelles. Finalement leur pose allait peut être devoir attendre ...

Le trajet qui les avaient ramenés à leur bureau était court, mais cela n'avait pas empêché Sydney de maudire intérieurement Tektiv par avance si, comme il en avait l'habitude, il s'était allègrement servi en café sans en laisser pour ses collègues. Elle se rappela ensuite qu'il était sur le terrain pour une affaire, et qu'en toute probabilité, il restait donc largement de quoi contenter les deux partenaires.

Mais au moment où la sonnerie fatidique du téléphone se fit entendre, elle ne put se retenir de lancer à Raphaël un regard noir, avant de susurrer entre ses dents :

- Fallait que tu nous portes la poisse, toi hein ?

Elle décrocha néanmoins le combiné, et d'une voix qui trahissait ostensiblement son mécontentement, elle répondit :

- Brigade Criminelle. Inspecteur Brooks à l'appareil.

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Une respiration sifflante s'échappa du combiné. Visiblement la personne à l'autre bout du fil tentait tant bien que mal de reprendre son souffle. Puis finalement une voix métallique retentit à l'oreille de Sydney. Une voix qui n'avait absolument rien de naturelle , comme si on avait voulu la dissimuler à l'aide d'un appareil quelconque. Et ce n'étaient pas les quelques mots qui suivirent qui allaient rendre la situation moins douteuse ...

30 rue de l'embuche , dépêchez vous c'est une urgence !

La personne à l'autre bout du fil ne laissa pas le temps à son interlocutrice de répondre quoi que ce soit et raccrocha aussitôt , laissant Sydney face à des bips aigus ...

Sydney haussa un sourcil intrigué lorsque la voix modifiée électroniquement se fit entendre. Elle n'eut pas le temps de réagir que la communication était déjà coupée, la laissant coi pendant une ou deux secondes. Reposant le combiné, elle afficha alors le même air déterminé qu'elle avait toujours lorsque les affaires reprenaient.

- Met le café dans un thermos, Raph.

Elle ouvrit son tiroir pour en sortir sa plaque et son arme de service, dont elle s'équipa après avoir enfilé son holster. Voyant passer un jeune officier, elle l'interpella.

- Hey Blake ! Rends moi un service. Demande au geek de récupérer et d'analyser toutes les données du dernier appel reçu sur mon poste, ok ? C'est peut être sérieux.

Elle se tourna vers l'inspecteur Danton et lui lança les clés de leur voiture de fonction.

- 30 Rue de l'Embuche. Tu conduis. Et équipe toi, j'ai aucune idée de ce qui nous attends là bas.

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Alors qu'il était sur le point de servir de remplir deux tasses , le téléphone retentit. Raphaël ne put réprimer un petit sourire en s'imaginant que sa partenaire devait être en train de le qualifier discrètement d'oiseau de mauvaise augure. Mais devant l'expression qu'elle arborait en raccrochant le combiné , le sourire fit bientôt place à une expression des plus sérieuses. Raphaël connaissait bien cette expression qui ne pouvait vouloir dire qu'une chose : ils étaient bon pour retourner sur le terrain. Adieu douce tranquillité ...

Devant la demande de Sydney , Raphaël s'exécuta en vitesse. Ils ne savaient pas combien de temps ils allaient être sur les lieux , aussi un thermos de café pouvait s'avérer très utile pour tenir le choc. Et chose étrange , il semblait que le bien-être des inspecteurs et autres agents était un tant soit peu considéré par leurs supérieurs , un stock de thermos siégeant au côté des tasses près de la cafetière. Ou bien était-ce là un moyen d'assurer leur productivité en les dopant quelque peu à la caféine afin de les empêcher de sombrer dans la fatigue des suites des horaires qu'ils devaient subir ...

Lorsqu'il se retourna , Raphaël attrapa par réflexe les clés que Sydney venait de lui lancer. Ainsi donc il était en charge de la conduite. S'il y avait bien une chose qu'il appréciait lors des sorties sur le terrain c'était cela , entendre le bruit du moteur avait quelque chose d'apaisant à ses oreilles. Et pour le reste , la perspective de devoir potentiellement faire usage de son arme comme semblait l’envisager sa partenaire ne l'enchantait guère. Non pas parce qu'il était foncièrement mauvais au tir , ce qui était plutôt l'inverse au vu de ses résultats sur stand de tir. Mais il ressentait une aversion totale pour tout ce qui relevait de l'usage de son arme de service sur le terrain. Mais puisqu'il devait accompagner sa partenaire , il allait donc avoir besoin d'assurer ses arrières , et pour ce faire il valait mieux être préparé pour tout. Aussi récupéra-t-il en vitesse son arme dans un des tiroirs de son bureau ainsi que sa plaque.

Et bien , j'espère que le nom de notre destination n'est pas un signe de ce qui nous attend , parce que sinon je sens que je vais regretter de m'être levé ce matin ....

Sur cette remarque qu'il venait de se faire à voix basse , l'inspecteur se mit à marcher d'un pas vif afin de rattraper sa collègue qui s'était déjà dirigée vers le parking. La journée ne faisait que commencer ...

Fin