culpabilité meurtrière

  C'est dans une ruelle baignant dans l'obscurité qu'un soupir de douleur résonna. Bernick  Dekiller venait tout juste de subir une profonde blessure au bras  gauche. C'était la première fois depuis plusieurs décennies qu'un être humain réussissait  l'exploit de faire couler son sang. L'assassin avait l'habitude de  préparer chacun de ses plans au millimètre ne se permettant pas la  moindre extravagance. Bannissant les éléments de surprises et autres joyeusetés qui n'étaient pas prévus.   Suivant son code à la lettre justement pour éviter ce genre d'idiotie  ... De plus ... Ce profond sentiment de culpabilité lui écrasait la  poitrine. Il était responsable et Dieu sait qu'il méritait de mourir.  Pas seulement pour ce qu'il avait fait endurer à cette pauvre gamine.  Non... Pour toutes les vies qu'il avait pu prendre durant ses longues  années de service. Adossé contre un mur, se vidant de son sang,  lentement, il esquissa un rire. Cette situation était pathétique...  Le grand Bernick  Dekiller était en train de crever seul, dans un coin isolé. Une ruelle  sombre aux odeurs d'urine. Ah. C'était peut-être digne de lui. Après  tout, la seule chose que cet homme laissera après sa mort, c'est un sentiment de  soulagement. Le soulagement de savoir que le dernier Dekiller, cet assassin qui en a terrorisé plus d'un est enfin mort.  

Il finit par trébucher, s'écrasant dans une flaque d'eau qui prit lentement la couleur rouge du sang.
Son esprit finit par s'égarer lentement et subitement, il pensa à Séléna... Cette gamine insupportable qui faisait toujours des pieds et des mains pour l'aider dans sa quête de rédemption... Ah ... Insupportable ...? Pas tant que ça ... C'était la première fois depuis très longtemps qu'une personne arrivait à tisser un lien avec l'assassin et même s'il refusait de se l'avouer à lui-même, la jeune femme commençait à compter pour lui... Alors que la moitié de son visage baignait dans son propre sang, il finit par ricaner, repensant à l'une des nombreuses boutades que cette jeune avocate pouvait lui balancer. Même s'ils les trouvaient très drôle en général, il ne le montrait jamais :

Et c'est dans un soupir qu'il finit par perdre connaissance avec cette certitude qu'il ne se réveillerait pas...

Quand Bernick reprit connaissance, il ne se trouvait plus allongé sur le pavé d’une ruelle humide et glauque, mais dans un lit confortable, sa blessure avait même été pansée. La pièce où il se trouvait avait été décorée avec un goût raffiné et était accueillante. Il fallut quelques minutes à l’assassin pour reprendre ses repères, il se trouvait dans la chambre d’ami de Séléna. Ami étant vite dit, car au souvenir de Bernick, la jeune femme n’en avait pas, la pièce ne servait pratiquement jamais. Il fallut encore un moment avant que l’homme s’aperçoive de la présence de sa complice qui se tenait, silencieuse, au fond de la chambre.

Le visage de Séléna, dont les émotions étaient rarement visibles, était passé de l’inquiétude au soulagement, mais Bernick étant encore confus, il y a encore quelques secondes, n’avait pas remarqué ce détail. En un éclair, Séléna retrouva son masque d’impassibilité.

- J’ai dû faire venir une vieille connaissance pour te faire soigner, tu as des points de suture et tu devras éviter de trop bouger pour les prochains jours à venir... le grand Bernick DeKiller blessé... veut tu bien m’expliquer comment cela a pu arriver ?

La jeune femme avait croisé les bras dans une position d’attente se contentant de fixer Bernick de ses yeux d’ébène.

-... Comment m’as tu trouvé ?

Séléna balaya son interrogation d’un signe de la main.

- Peu importe... tu as perdu connaissance tout près d’ici... dit moi qui est Niméria... c’est elle qui ta blessée, pas vrai ?

Séléna haussa légèrement un sourcil et répondit du tac au tac.

- hé bien quand on ne cesse de le répéter dans son ''sommeil''...



Séléna se foutait bien que Bernick DeKiller soit honteux de se retrouver dans cette situation, depuis le temps qu’ils collaboraient, chose qui agaça quelque peu la jeune femme.

- Ne sois pas aussi stupide Bernick, je te dois bien plus que la vie ! Et il est absolument hors de question que tu quittes cette chambre avant d’être rétabli !

Elle s’approcha du lit et saisit un verre et une carafe d’eau qui étaient posés sur la table de nuit à l’intention de l’assassin. Elle versa l’eau dans le verre.

- Si tu as la force de dire des bêtises, tu en as pour me parler de cette gamine ! Qui est-elle ? Pour l’avoir laissé en vie après qu’elle t’ait blessé, tu dois avoir un lien particulier avec elle...

Séléna sourit mystérieusement et tendit des cachets à Bernick.

- Si elle était morte tu me l’aurais déjà dit... du style « c’est la gamine que j’ai tuer qui m’a blessé »... je commence à te connaître mon cher ! Ce n'est pas le genre de détails que tu omettrait...

Séléna soupira. Par trois fois il avait contourné sa question, mais il n’était pas de son genre de simplement laissé passé, déformation professionnelle.

- Peut tu m’épargner tes jérémiades et enfin me parle d’elle !

Séléna aurais peut-être pu êtres plus complaisante, mais le fait de voir celui quelle adulait dans cet état jouait dans beaucoup son irritation.

Le ton de Séléna eut le même effet qu'un électrochoc. Bernick était dans une espèce de stase depuis son réveil. Sa culpabilité, sa blessure, son échec .. Tout ceci cumulé avait réussi à faire sombrer l'assassin dans un profond sentiment de faiblesse. La colère qui émanait du regard de son interlocutrice estompa peu à peu l'handicape du Dekiller. Celui-ci se redressa péniblement avant de sortir ses jambes du lit, restant assis. Ce n'était certainement pas une bonne idée vu la gravité de sa blessure sans oublier que les calmant qui venait d'ingérer avait un effet sédatif... Mais il lui était impossible de rester allongé à broyer du noir. Ce n'était pas digne de lui:


Pour la première fois depuis leur rencontre, c'est Bernick qui faisait preuve d'humour et Séléna qui était inexpressive. À croire que les rôles venaient d'être inversé :



Il s'arrêta, fixant sa blessure avant de poursuivre :

Séléna eut un geste pour retenir Bernick, mais comme finalement il se contenta que de asseoir, elle se redressa.

- Et tu l'as reconnu? En vingt ans un nourrisson change beaucoup... je doute vraiment que tu ais put la reconnaitre par son apparence... que c'est-il passé cette nuit?

Le ton de Séléna s'était adouci. Pour la première fois, il se confiait a elle.

Séléna sembla réfléchir, quelque chose l’avait aussi empêchée de tuer Coal quand ils s’étaient retrouvés face à face, mais pour Bernick, le problème était différent. Prise dans ses pensées, elle n’avait pas vu qu’il avait essayé de ses relever, mais abruti par les médicaments, l’homme n’avait plus de force. Séléna le rattrapa avant qu’il ne s’étale sur le plancher.

- Mierda* ! Mais vas-tu te tenir tranquille ? Tu n’es pas en état de te lever !

De peine et de misère, Séléna le replaça dans le lit.

- Maintenant tu vas te reposer, et tu n’as pas trop le choix vu ce que tu viens de prendre... Je ne serai pas loin si tu as besoin de moi...

La dernière phrase était inutile, Bernick ne lui demanderait pas de l’aide s’il avait le choix, mais elle voulait quand même qu’il sache qu’elle était la pour lui. Elle tira sur lui les couvertures et baissa les lumières.



* vraiment besoin d’une traduction ? XD

- Hum...

Séléna observa encore pendant un moment l'homme qui venait de sombré a nouveau dans l'inconscience, puis rassurée, elle quitta simplement la pièce.